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Principe et généralités :
Tout geste qui nécessite de traverser la peau (injections, ponctions, chirurgie) implique une désinfection.
La désinfection comprend (1) un nettoyage, (2) l’application d’un antiseptique, (3) un temps suffisant pour l’action de cet antiseptique.
Pratique :
Le nettoyage enlève les souillures ET les cellules superficielles desquamant [1]. Il enlève toute protection aux germes qui étaient dessous. Il enlève les substances pouvant neutraliser l’antiseptique. Si la peau est très sale, on commencera par un lavage à l’eau et au savon, suivi d’un rinçage. Ensuite (ou si la peau était visiblement propre, directement) on nettoiera en frottant énergiquement [2], quelques secondes, avec un tampon (coton, compresse, linge propre) imbibé d’alcool à 70° [3]. ATTENTION : l’alcool n’est pas efficace sur les spores : toutes les spores (agents des gangrènes gazeuses, du tétanos) y résistent ! Il y en a même très souvent dans le flacon ! Elle est peu active sur levures et virus nus : l’alcool est un très médiocre antiseptique... mais c’est un excellent nettoyant.
l’antisepsie se fait par application d’une substance antiseptique au spectre le plus large possible, donc capable de tuer toute espèce de germes (bactéries inclus les spores, virus, champignons). Il faut en appliquer suffisamment pour que la zone ait un aspect bien mouillé.
En pratique, on utilisera :
ou chlorhexidine alcoolique
ou un produit iodé (polyvinylpyrrolidone (ou povidone) iodée (= Bétadine) ou teinture d’iode [4])
ou un produit chloré.
Les produits iodés ont in-vitro un plus large spectre incluant en particulier les spores (cf. https://www.urps-infirmiere-paca.fr/les-bonnes-pratiques/le-bon-usage-des-antiseptiques-chez-ladulte/]). En pratique chirurgicale la Chlorhexidine a donné de meilleurs résultats [5],
Les produits chlorés ont aussi une excellente activité (inclus sur les spores) mais, le chlore étant un halogène beaucoup plus volatil que l’iode, il y a des problèmes de conservation donc un caractère aléatoire de cet antiseptique en fonction de sa fraicheur.
Un temps suffisant pour agir. On chronomètre rarement ! En pratique, on considère que, lorsque l’antiseptique est sec (si l’aspect était, au départ, "bien mouillé"), le temps d’action est suffisant (cf infect_soins/guide.pdf.) Cependant, s’il fait très chaud ou très sec, ce n’est plus vrai : repassez en une seconde fois.
Astuces, conseils, prudence :
pour que l’antiseptique ait le temps d’agir sans qu’on perde de temps, il faut toujours commencer par nettoyage et antisepsie avant tout autre action c’est à dire dès que le patient s’est installé pour le prélèvement ou l’injection ou la petite chirurgie : repérez la zone où on va agir, nettoyez, appliquez largement l’antiseptique et laissez le tampon imbibé d’antiseptique sur place (pas de problème de séchage trop rapide), tenu par le patient ou un aide, puis préparez votre matériel. Lorsque tout est prêt, repassez un peu d’antiseptique frais puis piquez.
certains gestes sont particulièrement dangereux : ponction lombaire, injection intramusculaire (car le produit injecté entraine une destruction des cellules donc la formation d’un excellent milieu de culture [6]) : passez de l’antiseptique, laissez le tampon en place, repassez en juste avant de piquer.
pour les ponctions veineuses (prises de sang, injections...) examinez les veines avant toute chose pour choisir celle que vous piquerez pour aseptiser immédiatement. Si vous avez un doute, choisissez en 2 ou 3 et aseptisez ces 2 ou 3 zones.
n’oubliez pas que si une infection survient à la suite d’un de vos gestes vous n’éviterez une condamnation que si vous pouvez démontrer que vous suivez constamment ce protocole complet ! Suivez le donc toujours, ainsi tout le monde le saura et pourra en témoigner !