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>>Diagnostic des FILARIOSES (F. lymphatique - Loase - Onchocercose - Dracunculose - Manzonellose)

19 mars 2010
Auteur(s) : 
Antoine PIERSON
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Niveau de mise à jour : 3

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Sont vues dans cette longue fiche les pathologies suivantes :

 Filarioses lymphatiques
 Loases
 Onchocercoses
 Dracunculoses
 Manzonelloses.

 En fin de fiche : tableau d’identification des microfilaires
 
 

FILARIOSE LYMPHATIQUE

Épidémiologie :

Ces filarioses sont dues à trois espèces : Wuchereria bancrofti, Brugia malayi et Brugia timori.
400 millions de personnes dans le monde , et particulièrement dans les régions tropicales, sont touchées par les filarioses lymphatiques.

Cycle :

Les adultes sont présents dans les ganglions et canaux lymphatiques des membres inférieurs et du bassin.
Ils libèrent des microfilaires pendant la nuit.
Ces microfilaires sont absorbées par des moustiques lors d’une piqûre (4 genres incriminés dont anophèle).
Des larves infestantes (stade 3) se développent dans les muscles de l’insecte puis migrent vers les trompes (maturation en 2 à 6 semaines).
Elles sont injectées à l’homme lors d’une piqûre.

Clinique :

 Incubation : 5 à 15 mois, hyperéosinophilie, prurit, oedèmes,…
 Phase aiguë.

Lymphangite superficielle :

  • centrifuge (du ganglion vers la périphérie) à la différence des lymphangites bactériennes centripètes,
  • à caractère récidivant,
  • sans porte d’entrée visible.

Les lymphangites peuvent devenir profondes :

  • fièvre
  • manifestations allergiques (poumon éosinophilique filarien avec microfilaire dans les poumons entrainant dyspnée, toux, etc,…)

 Phase chronique (après 10 ans) :
 éléphantiasis (rare),
 chylurie (fistule lympho-urinaire),
 hydrocèle vaginal,
 poumon éosinophile filarien.

£ ajouter images Urine normale (à gauche) et chylurie (à droite)

Zone d’endémie :

Afrique : très large zone du sud d’une ligne allant du nord Sénégal à la Somalie jusqu’au nord d’une ligne allant de l’Angola à Madagascar nord. Quelques foyers en Égypte.
Asie : large zone de l’ouest de l’Inde jusqu’aux îles du Pacifique en passant par Viêtnam, Indonésie et Malaisie.
Amérique : foyers à la Dominique, Guyanes, Trinidad et Brésil nord.

Prélèvement et traitement du prélèvement :

Prélèvement de sang capillaire :
 si ambulatoire prélevé la nuit (périodicité nocturne),
 si alité (ou zone pacifique) prélever de jour (la périodicité s’inverse).

Prélèvement d’urine en cas de chylurie.
Dans ce cas, les urines ont tendance à légèrement coaguler (ce qui n’est pas le cas lors de lipurie ou de pyurie).
Centrifugation douce pour observation d’un culot qu’on examinera (cf. examen du sang, ci-dessous).
On observe aussi des microfilaires dans les urines lors d’un traitement à la Diethylcarbamazine (signe de bonne efficacité du traitement).

Examen du sang :
 examen direct entre lame et lamelle, à l’objectif 10, pour dépistage des microfilaires,
 si l’examen est positif on réalise un frottis mince ou une goutte épaisse avec coloration MGG pour identification des microfilaires.
 si l’examen est négatif, on réalise un prélèvement de sang veineux puis une concentration selon Ho Thi Sang pour augmenter le rendement du dépistage.

Se référer au tableau d’identification des microfilaires et aux chapitres traitant des autres filarioses (plus bas dans cette fiche).
£ ajouter images W. bancrofti, Giemsa, faible grossissement et si possible Brugia malayi et Brugia timori

Examens complémentaires :
En cas d’échec des examens directs, et après avoir éliminé la présence de loase ou d’onchocercose, on peut recommencer l’examen direct après avoir réalisé le test de Mazzotti.

Traitement :

Les traitements sont assez complexes à mettre en œuvre.
Les traitements curatifs relèvent de doxycycline, diethylcarbamazine (DEC), ivermectine, albendazole.

LOASES

Épidémiologie

Maladie due à une filaire dermique donnant naissance à des microfilaires sanguines : la filaire Loa-Loa.
Localisation en Afrique de l’Ouest et équatoriale dans les zones de forêts (Gabon, Cameroun, Nigéria, etc…).

Contamination

Piqûre infestante par un taon (Chrysops).

Cycle

Identique aux filaires lymphatiques. Contamination par piqûre d’insectes (la forme infestante de la larve est le stade 3), maturation des femelles dans le tissu sous-cutané, libération de microfilaires absorbées par un taon lors d’une nouvelle piqûre, maturation chez le taon.

Clinique

 Incubation : 6 à 18 mois, asymptomatique sauf hyperleucocytose et hyperéosinophilie.
 Phase d’état :

  • invasion phénomène allergiques : prurit généralisé, œdème de Calabar fugace et migrateur (membres supérieurs et paupières),
  • phénomènes de migration sous-cutanée des filaires adultes (1 cm / heure).

 Évolution bénigne, attention cependant aux conséquences du traitement.

Prélèvement et traitement du prélèvement

Pratiquer un prélèvement de sang périphérique, entre 12 et 14 heures : périodicité diurne pour les microfilaires sanguicoles.
Traiter ensuite le prélèvement comme pour les filaires lymphatiques.
Il faut cependant numérer les microfilaires, ce que l’on ne fait pas dans le cas de filaires lymphatiques : utiliser une cellule de comptage.

Examen direct

On peut se référer au tableau d’identification des microfilaires ou au chapitre traitant des filarioses lymphatiques.

Traitement habituel

Attention aux possibilités de choc anaphylactique ou d’encéphalite filarienne suite au traitement. L’abstention thérapeutique peut être préférable. Le traitement repose sur l’utilisation de la DEC (Diethylcarbamazine).

Après numération des microfilaires :
 < 50 / mm3 : commencer le traitement.
 >50 / mm3 : on doit normalement commencer le traitement par une filariophérèse (impossible en milieu tropical) ou attendre que le nombre de microfilaires diminue.

Dans tous les cas, le traitement est commencé de manière très progressive : on commence par le dixième voire le vingtième de la dose journalière pour arriver à cette dose (6mg/kg/j chez l’enfant, 400 mg/j chez l’adulte) au bout d’une semaine en augmentant doucement.

Le traitement dure 21 jours de posologie efficace (soit en tout 28 jours de traitement).

ONCHOCERCOSES

Épidémiologie

Nématodose spécifiquement humaine due à Onchocercus volvulus. 2e cause de cécité dans le monde. Appelée aussi "cécité des rivières".

Contamination

Piqûre par une simulie.

Cycle

Les filaires vivent dans le tissu sous-cutané de manière libre ou en nodules (onchocercomes).
Durée de vie d’une dizaine d’années.
Elles libèrent des microfilaires dermiques à tropisme pour l’œil (rétine) où leur lyse conditionne la pathogénie. Les microfilaires sont absorbées par une simulie lors d’une piqûre, se transforment et contaminent un homme lors d’une nouvelle piqûre.

Clinique

Incubation : 15-18 mois (passage microfilaire —> adulte).
Phase d’état : manifestations cutanées : peau épaissie, dépigmentée, prurit (gale filarienne), peau de lézard, onchocercomes (nodules sous-cutanés indolores).
Évolution : Manifestations oculaires tardives : kératite, rétinite, choriorétinite, cécité terminale.

Zone d’endémie

Découle de la biologie du vecteurexigeant une eau oxygénée : près des rivières à gros débit ou des cascades (même très petites tel l’irigation des rivières).
Afrique de l’Ouest (Du Mali au Nigeria), Afrique centrale et de l’est (du Cameroun au Yémen et du Congo à l’Angola), Amérique centrale (Guatemala, Nicaragua, Venezuela, Équateur).

Prélèvement

C’est un prélèvement dermique :
 scarification : pratiquer 5 incisions dermiques rapprochées au niveau du deltoïde avec un vaccinostyle. Ne pas faire saigner. Pincer la peau de part et d’autre des incisions pour faire sourdre le suc dermique, le recueillir sur une lame dégraissée. Ensuite, recouvrir d’une lamelle pour examen direct ou faire sécher pour coloration au MGG.
 ponction de nodule onchocerquien : peut être positif alors que la recherche de microfilaires est négative.

Mise en évidence des vers adultes (5-40 cm).
£ Image à ajoutere Examen direct / schémas :

Se référer au tableau d’identification des microfilaires et au chapitre traitant des filarioses lymphatiques.

Examens complémentaires

Hyperéosinophilie fréquente, surtout en début de traitement. Exceptionnellement, on peut utiliser le test de Mazzotti (bien lire les contre-indications).

Traitement habituel

La DEC (diethylcarbamazine) ne doit plus être utilisée à cause de ses effets indésirables (lyse filarienne, choc anaphylactique, décès). On utilise l’Ivermectine (contre indication chez la femme enceinte) 50 - 200 mg/Kg en une prise unique per os. Début de l’action au bout d’une semaine, valable 6 mois.
Médicament distribué gratuitement par Merck Sharp Dohme à toute institution en faisant la demande.
 
 

DRACUNCULOSES

Epidémiologie

Due à la filaire de Médine, Dracunculus medinensis, encore appelée vers de Guinée, actuellement en régression.
Le réservoir de parasites est l’Homme.
Contamination par ingestion d’un cyclops (crustacé copépode) contenant des larves infestantes.

Cycle

Ingestion d’un cyclops (eau de boisson) contenant des larves infestantes par l’homme, maturation en adultes dans le tissu sous-cutané, le plus souvent des membres inférieurs. Au bout d’une année, les femelles percent la peau au niveau des chevilles et libèrent des microfilaires dans le milieu extérieur.

Clinique

Incubation : 1an, asymptomatique, hyperéosinophilie.

Phase d’état :
 phlyctène puis ulcération au niveau de la cheville, évoluant fréquemment vers la surinfection (phlegmon, gangrène, tétanos).
 certaines localisations anormales des vers sont observées, surtout au niveau des articulations (arthrite septique) mais aussi au niveau des mains, du sein ou du péritoine.

Zone d’endémie

Zones rurales d’Afrique de l’Ouest, Ouganda, Somalie, Arabie, Yémen, Moyen-Orient, Pakistan, Inde.

Examens complémentaires

Le diagnostic de dracunculose est un diagnostic clinique ou encore radiologique, le laboratoire peut avoir un rôle dans le diagnostic de ses complications, principalement infectieuses.
En cas de doute tamponner le pourtour de l’ulcération avec un coton imbibé d’éther. Ceci fait apparaître un liquide blanchâtre contenant des milliers de microfilaires mobiles, observables au microscope à l’objectif 10.

Traitement habituel

Le traitement consiste à enrouler le ver adulte autour d’un petit bâtonnet ou d’une allumette : 1 ou 2 tours par jours pour éviter de casser le ver, ce qui imposerait de l’enlever par des méthodes chirurgicales.
Le traitement des surinfections consiste tout d’abord en une prophylaxie antitétanique (gammaglobulines) et un rappel vaccinal. Les autres surinfections sont traitées de manière symptomatologique.
Remarque : traitement médicamenteux peu efficace (Mébendazole).

MANZONELLOSES

La pathogénie des manzonelloses n’est pas établie, il peut être intéressant de les connaître pour le diagnostic différentiel avec les autres filaires :
 M. perstans : Afrique, Amérique du Sud
 M ozzardi : Amérique centrale et du sud
 M. streptocerca : Afrique centrale et de l’Ouest
£ Mettre images de M. perstans (à gauche) et M. ozzardi (à droite)

Se référer au tableau d’identification des microfilaires et au chapitre traitant des filarioses lymphatiques

Identification des microfilaires

NomsMicro filaireTaille en µmGaineEspace CéphaliqueNoyauxCorps de MansonPériodeExtrémité postérieure
W. bancrofti Sang 300 / 8 Oui Court Petits, séparés Visible unique Nuit Effilée, nyx subterminaux
B. malayi Sang 250-300 / 6-8 Oui Long Petits ovoïdes serrés Visible, 3 masses Nuit 2 renfl, 1 ny terminal, 1 subterminal
Loa Loa Sang 300 / 8 Oui peu coloré Long Gros, ovoïdes Non coloré Jour Effilée nyx terminaux
O. volvulus derme 250-300 / 10 Non Long Gros, serrés Non coloré Sans Nyx subterminaux
M. perstans Sang 200 / 5 Non Très court Petits, serrés Non coloré Sans Doigt de gant, nyx terminaux
M. ozzardi Sang / derme 200 / 5 Non Très court Petits, serrés Non coloré Sans Très effilée, nyx terminaux
M. streptocerca Derme 200 / 5 Non Très court Gros, espacés Non coloré Sans En crosse d’évêque, nyx terminaux

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