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>>Prélèvement d’urines chez le nouveau-né

20 mars 2013
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Prélèvement des urines à mi-jet

Il est difficile de prélever des urines de façon stérile - ou au moins propre - chez un nouveau-né : il n’urine pas à la commande pour réaliser un prélèvement à mi-jet !
En pratique on peut :
 utiliser une poche de recueil d’urine (poche auto-collante pour la fille, pénilex (= mini préservatif muni d’un tube pour l’écoulement des urines) chez le garçon).
Cette technique, même effectuée soigneusement : toilette au savon de la verge ou de la vulve, rinçage à l’eau claire, séchage puis surveillance permanente de la poche pour la retirer dès qu’il y a eu une miction, ne permet que difficilement d’avoir des urines stériles ; on conseil classiquement de changer le système de recueil d’urine systématiquement après une heure s’il n’y a pas eu de miction [1] ;
 effectuer un sondage : le sondage est délicat chez le tout petit, nécessite de disposer de sondes adaptées à sa taille, risque toujours d’être traumatisant, est une cause importante d’infection urinaire,
 effectuer une ponction sus-pubienne : c’est la technique le plus rigoureuse pour obtenir des urines d’excellente qualité mais elle est traumatisante et même franchement dangereuse, chez l’adulte mais encore plus chez l’enfant, si elle n’est pas pratiquée par un urologue averti,
 guetter une miction à côté de l’enfant déshabillé et promptement prélever à mi-jet quant une miction spontanée se produit. Cette technique, excellente, nécessite de disposer de beaucoup de temps !

Le prélèvement à mi-jet d’une miction étant, comme chez l’adulte, l’idéal, il serait encore mieux de pouvoir déclencher, à la demande, une miction réflexe.

Deux moyens peuvent y aider.

Méthodes

1) Dans tous les cas :
 donner une tétée au nourrisson pour remplir sa vessie,
 25 min plus tard laver les organes génitaux au savon, rincer à l’eau, sécher. Chez le petit garçon (jusque vers une dizaine d’années) il ne faut jamais tenter de décalotter le gland : ceci rompt les adhérences normales entre gland et prépuce et provoquera chez certains des phimosis.

2) Première méthode :
le froid, dans le dos et particulièrement la région lombaire, provoque parfois une miction réflexe.
 un aide tient l’enfant verticalement en le soutenant sous les aisselles,
 le préleveur passe sur les lombes de l’enfant un objet froid pendant une dizaine de seconde : linge humide, vessie de glace, objet sortant du réfrigérateur...
 il recueille la miction à mi-jet, c’est à dire rapidement, après que 10 à 20 ml d’urines se soient écoulés, et retire le flacon ou le verre à prélèvement avant la fin de la miction (chez un nouveau né elle est d’environ 40 ml à vessie pleine).

3) Deuxième méthode si la première a échoué :
elle a été récemment décrite (2013 [2]) par une équipe espagnole.
 toujours en tenant l’enfant sous les aisselles,
 le préleveur tapote avec un ou deux doigts, la région sus-pubienne (donc la vessie) pendant 30 secondes (s) puis masse les lombes 30 s. S’il n’y a pas eu de miction, il recommence les mêmes opérations, ceci jusqu’à 5 fois de suite au maximum (donc, au total, 5 min).
Le taux de réussite des auteurs, dans une série d’enfants de moins de 1 mois a été de 86%.

[1Ceci est certes préférable mais il faut garder à l’esprit que, après une heure, même avec les bactéries se multipliant le plus rapidement, il y a eu, au maximum, 2 générations bactériennes. La numération de ces contaminants est donc passée, par exemple, de 100 bactéries par ml à 400 bactéries par ml, soit moins d’un log décimal.

[2Herreros Fernandez ML et coll. : A new technique for fast and safe collection of urine in newborns. Arch Dis Child 2013 ; 98 : 27-29.

Article tiré du site : http://www.bioltrop.fr
Rubrique:  Les prélèvements